jeudi 22 septembre 2011

Martin Klasch : Smokin'

Edvard Munch, L'Oeil moderne /////////////////////////

 Le Centre Pompidou présente « Edvard Munch, l'oeil moderne », un ensemble inédit en France d'environ quatre-vingts peintures, trente oeuvres sur papier, cinquante photographies et un film. Éclairant l'oeuvre du célèbre peintre norvégien (1853-1944) sous un jour nouveau, cette exposition montre combien la curiosité de l'artiste pour toutes les formes de représentation de son époque a nourri son inspiration et son travail. Son expérience de la photographie, du cinéma, ses lectures de la presse illustrée ou encore ses travaux pour le théâtre ont profondément influencé une oeuvre dont l'exposition dévoile la fulgurante modernité.

Ce film est une production DACA Centre Pompidou / Let's Pix

Retrouvez l'événement sur le site internet du Centre Pompidou : Edvard Munch

Présentation de l'exposition,
par Angela Lampe et Clément Chéroux, conservateurs au musée national d'art moderne.

Edvard Munch est parfois considéré comme un artiste du 19e siècle, un peintre symboliste ou pré-expressionniste. Une idée reçue en fait aussi un artiste reclus, en proie à de violentes angoisses, dépressif, une âme tourmentée. L'exposition montre, à rebours de cette mythologie, que Munch était ouvert aux débats esthétiques de son temps, et qu'il a entretenu un dialogue constant avec les formes de représentation les plus contemporaines : la photographie,
le cinéma et le théâtre de son époque. Il ira jusqu'à faire lui-même l'expérience de la photographie et du film, osant des autoportraits qu'il est sans doute le premier à avoir réalisés, à bout portant, en tenant l'appareil d'une main : « J'ai beaucoup appris de la photographie, déclare-t-il. J'ai une vieille boîte avec laquelle j'ai pris d'innombrables photos de moi-même. Cela donne souvent d'étonnants résultats. Un jour lorsque je serai vieux, et n'aurai rien d'autre de mieux à faire que d'écrire mon autobiographie, alors tous mes autoportraits ressortiront au grand jour. » (Edvard Munch, interviewé par Hans Tørsleff, 1930)

Munch était pleinement « moderne », c'est la thèse que défend cette exposition que lui consacre le Centre Pompidou, avec cent quarante oeuvres, dont une soixantaine de peintures, cinquante photographies en tirages d'époque, des oeuvres sur papier, des films et l'une des rares sculptures de l'artiste. À travers neuf thèmes, elle présente un ensemble comme il a rarement été
possible d'en voir, associé à ses expérimentations photographiques et filmiques. Visite en neuf points :

REPRISES
Variantes, copies, autant de termes qui pointent un aspect essentiel dans l'oeuvre de Munch, c'est-à-dire la répétition d'un même motif. Décontextualisé, il s'apparente alors à un signe autonome. Il existe, par exemple, sept versions des Jeunes Filles sur le pont, sans compter les adaptations graphiques. Quelques chefs-d'oeuvre de sa période symboliste dialoguent aussi avec leurs reprises tardives, peintes souvent dans un style plus expressif où le contour se dissout et où la couleur s'intensifie.

PHOTOGRAPHIES
Comme les peintres Pierre Bonnard et Édouard Vuillard, Edvard Munch fait partie d'une génération qui, au tout début du 20e siècle, s'empare de la photographie, en amateur. Sa pratique photographique est centrée sur l'autoportrait. En dehors de quelques images d'espaces liées à ses souvenirs, l'artiste se photographie principalement pour se dévisager. Ses autoportraits photographiques trouvent ici leur vraie valeur, celle d'expérimentations visuelles.

L'ESPACE OPTIQUE
Munch traite de l'espace de façon très singulière : il fait souvent référence, dans son utilisation de premiers plans proéminents ou de lignes diagonales très prononcées, aux nouvelles technologies visuelles comme la photographie en relief ou le cinéma, dans leur capacité à produire des images qui sortent de l'écran pour avancer vers le spectateur.

EN SCÈNE
Depuis ses premiers portraits en pied, Munch s'intéresse à la frontalité des modèles qui posent comme des statues, dans une attitude hiératique et figée. Inspiré par les innovations de Max Reinhardt, fondateur des Berliner Kammerspiele, le peintre accentue sa façon d'inclure le spectateur dans l'espace du tableau. La série La Chambre verte, conçue comme une boîte
ouverte, en témoigne. Munch ne reste pas insensible aux nouveaux effets visuels introduits par l'éclairage électrique sur les scènes des théâtres.

REMÉMORATION
La reprise de certains motifs, resserrée sur une période très courte, touche parfois pour Edvard Munch à l'obsession. La première sensation vécue s'imprime sur la rétine comme une image indélébile qui hante l'artiste. Il s'agit en l'occurrence de la rencontre avec le modèle Rosa Meissner en 1907 qui, sous les traits d'une Femme en larmes, apparaît sur une photographie et de nombreuses peintures, dessins, gravures et lithographies. Le peintre lui dédie même une de ses rares sculptures en bronze. Munch cherche à se rapprocher de son souvenir de toutes les façons possibles.

DÉMATÉRIALISATION
La dualité entre matérialité et immatérialité, une oscillation entre présence et effacement constitue un autre thème central dans l'oeuvre d'Edvard Munch. À l'instar de ses photographies, plusieurs de ses peintures les plus importantes, comme Le Soleil et La Nuit étoilée, jouent sur des phénomènes de transparence où la matière se mue en une présence fantomatique et éphémère. De la même manière, la surimpression de motifs peints évoque avec leur effet « bougé » les expérimentations sur Celluloïd, par la photographie et par le film. La dissolution des formes progresse sur certaines toiles, annonçant le tachisme d'après-guerre.

FILM
Lors de l'été 1927, peu après l'acquisition à Paris d'une caméra amateur et d'un projecteur, Munch filme à Dresde, Oslo et Aker. On retrouve, dans ces quatre courtes séquences, son intérêt pour la ville et sa circulation autant que pour les paysages, les portraits de ses proches et même l'autoportrait. Il adopte pour ces images un mode filmique très « gestuel », à l'opposé de l'immobilité préconisée dans la photographie amateur, en suivant des objets mobiles ou
en réalisant des panoramiques urbains. Ses films s'apparentent davantage à des notes visuelles.

LE MONDE RÉEL
Edvard Munch n'est pas uniquement le peintre de l'angoisse intérieure. Grand lecteur de la presse nationale et internationale, il était aussi inscrit dans l'actualité de son temps et tourné vers l'extérieur. Une grande part de son oeuvre s'appuie sur les motifs croqués sur le vif. Beaucoup de
ses tableaux sont inspirés de scènes saisies dans la rue, d'incidents rapportés par la presse ou la radio. Il raconte des histoires en séquences, un mode très moderne qui n'est pas étranger au traitement du fait divers.

LE REGARD RETOURNÉ
Depuis ses premières années jusqu'à ses dernières oeuvres, l'artiste n'a cessé de scruter son propre visage, d'observer les effets du passage du temps sur son corps et ses sens à travers ses autoportraits. Dans les années 1930, lorsqu'il est atteint d'une maladie de l'oeil – une hémorragie provoque une brusque perte de vision à droite – il peint et note au jour le jour les effets de cette dégénérescence. Sa dernière oeuvre – présentée dans l'exposition – est un autoportrait.

Edvard Munch - La femme/L'amour






















Yayoi Kusama, artiste japonaise

Yayoi Kusama est une légende vivante de l’avant-garde internationale qui a évité les catégorisations de l’art moderne. Son oeuvre couvre toute la gamme de chefs-d’œuvre jusqu’à la création de produits issus de la culture pop, Sa carrière protéiforme s’étend sur plus de soixante ans.
La notoriété de Yayoi Kusama s’est faite lorsqu’elle l’a présenté Narcisse Garden – une installation sculpturale de centaines de boules miroir – à la 33e Biennale de Venise en 1966 comme un événement voyous sur les pelouses du pavillon italien. Vêtu d’un kimono traditionnel japonais, elle a vendu les boules miroir pour 1200 lires chacune, attirant l’attention sur les réalités commerciales de l’art ignoré dans le cadre d’un festival international. Plusieurs années après, Yayoi Kusama produit Narcisse Garden en dix exemplaires de dimensions variables.
Reach Up en forme de potiron (2010) est un autre miroir, en fonte d’aluminium poli brillant et percée de trous pour révéler un intérieur vermillon, Reach Up est installé dans un environnement adapté monochrome parsemée de miroirs convexes de tailles différentes, de sorte que la sculpture et de l’environnement se réfléchissent sans cesse et se multiplier les uns les autres.
De même, Yayoi Kusama réalise une série d’installation dynamique Dots Obsession, peinture méditation sur l’infini et le vide.

Biographie réduite de Yayoi Kusama 

Yayoi Kusama est né en 1929 au Japon, il vit et travaille à Tokyo. Elle a fait l’objet de nombreuses grandes expositions internationales, comme à New York, Los Angeles et Tokyo en 98, une tournée en France, au Danemark et en Corée (2001-2002), à Tokyo entre 2004 et 2005, à Rotterdam en 2008 …

Une grande rétrospective sera ouverte à la Reina Sofia, à Madrid le 10 mai 2011, puis au Centre Pompidou, Paris, à la Tate Modern, Londres et au Whitney Museum of American Art, New York jusqu’en 2012.




Yayoi Kusama - Centre Pompidou

10 OCTOBRE 2011 - 9 JANVIER 2012
GALERIE SUD, NIVEAU 1




Le Centre Pompidou présente la première rétrospective française consacrée à l’artiste japonaise Yayoi Kusama (née en 1929) : à travers un parcours chronologique composé
de 150 oeuvres réalisées entre 1949 et 2011, cette exposition rend hommage à une artiste
inclassable qui a exercé une influence considérable sur la scène contemporaine (d’Andy Warhol
à Mike Kelley et beaucoup d’autres) et captive encore l’intérêt de la jeune génération.
Après une première étape au Musée National Reina Sofia de Madrid, cette rétrospective
sera présentée à la Tate Modern à Londres et au Whitney Museum of American Art à New York.
Chaque ville constitue un rendez-vous privilégié et spécifique puisque les présentations
diffèrent d’un lieu à l’autre. Le Centre Pompidou met l’accent sur l’oeuvre sculpté
et les expériences de Kusama avec la couleur en présentant des monochromes colorés.
L’exposition suit les grands moments de la vie de l’artiste et illustre le caractère protéiforme
(peintures, sculptures, environnements, performances) d’une oeuvre qu’elle qualifie elle-même
d’« obsessionnelle ». Celle-ci est fortement arrimée à un souvenir d’enfance, une hallucination
à partir de laquelle elle élaborera le motif récurrent du pois / point (dot).
« Ma vie est un pois perdu parmi des milliers d’autres pois » écrit Kusama.
Après un préliminaire introduisant ses premiers travaux de petit format, notamment
des aquarelles qui témoignent d’une certaine influence surréaliste et n’ont jamais été montrées
en Europe, on distingue deux périodes : l’exil à New York et le retour au Japon après 1973.

En collaboration avec la Tate Modern